À travers une série de vignettes entremêlant souvenirs, histoires de famille et histoire sociale, l’auteur tisse un portrait de sa grand-mère maternelle et ouvre un dialogue entre les âges. Dans l’aller-retour entre réminiscences et interrogations nourries par la lecture de philosophes féministes se bâtit une réflexion sur la condition des femmes durant l’intense modernisation capitaliste d’après-guerre. Du village de Saint-Tite au bungalow trifluvien post-industriel, Sainte Angèle des Trois Rivières offre un récit à la fois drôle et pénétrant, qui interroge les silences, la mémoire et l’ambivalence, entre contraintes sociales et force de caractère, de ces femmes dont le sourire, l’élégance et les douceurs continuent de nous habiter, longtemps après l’enfance et même leur mort.

« Serait-ce que je sens une dette envers cette femme qui est née dans la nécessité, dans un Québec encore peu développé, et dont la vaillance et la résolution ont permis à des gens comme moi d’avoir du confort et du temps de loisir pour lire et pour réfléchir? Peut-être. Mais je préfère penser que nous ne nous devons rien, et que si je reviens à elle c’est non pas pour régler une dette, mais tout simplement parce que, sans savoir pourquoi, elle m’habite et me fascine. Sa grâce m’a touché et continue de m’alléger. J’écris, parce que quoi que je fasse elle est là, dans mon histoire et nos discussions. J’écris pour comprendre qui était ma grand-mère, pour ressaisir ce qu’elle fut et explorer ce qui reste d’elle en moi, en nous. »