Livre mythique introuvable, portrait d’un militant non moins mythique, voici enfin réédité cet essai biographique et historique, enrichi d’une préface réactualisée par l’auteur.
Le parcours d’Albert Saint-Martin offre une compréhension des aspects toujours méconnus de l’histoire sociale du Québec du début du XXe siècle : les revendications ouvrières liées aux enjeux sociaux de l’époque, les questionnements idéologiques et théoriques face aux influences radicales diverses, les formes pratiques et organisationnelles des luttes ouvrières, l’impact de la crise de 1929 sur la condition de vie des prolétaires de Montréal et de la province, les difficiles célébrations populaires des 1er mai au Québec, les différentes formes de répression policières, judiciaires et religieuses, les attaques des instances dévotes et des groupes fascistes qui leur étaient liés, jusqu’aux désinformations systématiques de la presse.
Claude Larivière fait revivre la riche personnalité d’Albert Saint-Martin, le p’tit gars de l’est de Montréal, adversaire infatigable du pouvoir ecclésial et du nationalisme, méfiant à l’égard des bolcheviques, antimilitariste et pacifiste, fervent défenseur de l’éducation populaire, propagandiste de l’esperanto, professeur auprès des ouvriers et des chômeurs, grand orateur du mouvement social et créateur de coopératives d’alimentation. On suit ici ce personnage atypique constamment insurgé dans un cheminement qui le mène du Parti ouvrier au mouvement des sans-travail, de la lutte anticonscriptionniste à la création de l’Université ouvrière. Cette recherche témoigne également de la présence au Québec de très nombreux militants politiques allemands, français, anglais, ukrainiens, etc., chassés d’une Europe suspendue entre deux guerres mondiales, et des luttes et des idées de la première moitié du XXe siècle.
Claude Larivière est travailleur social et sociologue. Après avoir fondé les Éditions coopératives Albert Saint-Martin (en 1975), il a contribué à développer des équipes de travail interdisciplinaires en CLSC avant de retourner enseigner à l’École de service social de l’Université de Montréal où il dirigea jusqu’à sa retraite (2013) le programme d’administration sociale.
L’ouvrage est complété d’une postface de Patrick Tillard et d’une bibliographie de Mathieu Houle-Courcelles.